Je ne sais pas si l'on peut parler d'histoires insolites mais je ne savais pas où mettre à part là.
Donc toujours en rapport avec le colonel Hotz, je vais vous parler des représailles après son assassinat, ce qui m'amènera à la fin à la carrière des fusillés à Châteaubriant.
Pour l'histoire complète, voici ce qu'il s'est passé :Le 20 octobre 1941, Hotz est abattu rue du Roi-Albert, à Nantes, par un militant communiste, Gilbert Brustlein, membre d'un commando envoyé de Paris par l'OS (branche armée de la résistance communiste), dans lequel se trouvent aussi Spartaco Guisco, ancien officier des Brigades internationales et le très jeune Marcel Bourdarias.
Leur mission n'était pas d'abattre préférentiellement Karl Hotz, mais n'importe quel officier allemand, en fonctions des circonstances. Les membres du commando se trouvent peu avant 8 heures place Saint-Pierre, devant la cathédrale de Nantes. Karl Hotz passe là à ce moment, sur le chemin de la Kommandantur, accompagné de son aide de camp, le capitaine Sieger.
Tandis que l'arme de Spartaco Guisco, qui visait le capitaine Sieger, s'enraye au moment de tirer, Brustlein tire deux balles dans le dos de Karl Hotz. Les deux résistants réussissent à prendre la fuite, tandis que Sieger assiste à la mort rapide de Hotz.
Réaction des autorités allemandesLa nouvelle de l'attentat est transmise à Hitler par von Stülpnagel ; Hitler envisage l'exécution immédiate de 100 à 150 otages, chiffre que von Stülpnagel ramène le 21 octobre à 100, divisés en deux groupes : 50 dans l'immédiat, puis 50 autres, si les coupables n'ont pas été pris le 23 octobre.
von Stülpnagel
Le 22 octobre 1941, 48 personnes (au lieu de 50) sont exécutées à Châteaubriant, Nantes et Paris.
Entre temps, le 21 octobre, un autre militant de l'OS, Pierre Rebière a abattu à Bordeaux le conseiller d'administration militaire Hans Reimers. Ce nouvel attentat entraîne l'exécution, le 24 octobre, de 50 otages au camp de Souge en Gironde.
Malgré cela, les 50 otages envisagés en deuxième instance à Nantes vont bénéficier d'un report, puis d'une suspension de l'ultimatum.
Le choix des otages de Loire-Inférieure en octobre 1941Le 20 octobre, après la mort du Feldkommandant Hotz, les autorités militaires de la région militaire B, dont le chef-lieu est Angers, sont invitées à constituer une liste de 200 noms dans laquelle sera faite une sélection de 100 otages à exécuter. Mais tous les noms récupérés par les différents services allemands mis à contribution ne suffisent pas. Des officiers dépêchés au camp de Choisel à Châteaubriant se font remettre le registre des internés, ce qui leur permet d'établir cette liste de 200 noms.
Les directives d'Hitler relativement à l'attentat de Nantes, communiquées à Stülpnagel par l'intermédiaire de Wilhelm Keitel et de Walter Warlimont, sont d'exécuter immédiatement de 100 à 150 otages. Stülpnagel applique la directive en publiant, le 21 octobre son AVIS prévoyant l'exécution immédiate de 50 otages et l'exécution conditionnelle de 50 autres, au cas où les coupables n'auraient pas été arrêtés le 23 octobre.
L'avis.
La liste des 50 otagesPierre Pucheu est chargé d'établir une première liste de 50 otages ; en fait, il va fournir une liste de 61 personnes (laissant aux Allemands le soin d'en retirer 11), des prisonniers communistes ou militants syndicalistes du camp de Châteaubriant. Il a tout fait pour que soient désignés des communistes plutôt que des « bons Français ».
Pierre Pucheu
Mais les Allemands amendent la structure de cette liste de façon à ce qu'elle soit plus « représentative » et que l'ensemble de la population française se sente concernée : elle devra comprendre 30 communistes (du camp de Châteaubriant) et 20 résistants de Nantes. Pierre Pucheu établit une seconde liste de 36 otages de Châteaubriant (curieusement, cette liste de 36 comprend de nouveaux noms par rapport à celle de 61, notamment Guy Môquet et Claude Lalet), dont les Allemands retiendront finalement 27 noms (dont les deux jeunes gens). En ce qui concerne les résistants de Nantes (dont 5 sont pris dans la prison du fort de Romainville), le mode d'établissement de la liste finale est moins bien connu.
Guy Moquet, âgé de 17 ans lorsqu'il est tué.
Des 23 otages de Nantes, deux vont être finalement retirés de la liste sans être remplacés, grâce aux tensions qui existent entre l'armée (l'Abwehr) et les nazis (la Gestapo), de sorte qu'il n'y a eu « que » 48 fusillés le 22 octobre : l'avocat Fernand Ridel et l'otage Dauguet. En ce qui concerne Fernand Ridel, on sait qu'il a bénéficié de l'intervention de personnalités de la haute société nantaise, amies de Karl Hotz, notamment la comtesse de Sesmaisons, qui ont signalé que Fernand Ridel était lui-même un ami de Hotz.
Suspension de l'ultimatum du 21 octobreEntre temps, le vice-président du Conseil Darlan avait déclaré qu'il ferait tout pour découvrir les coupables. Pétain et ses ministres avaient demandé un acte de grâce au Führer. Stülpnagel avait également fait valoir aux yeux d'Hitler la parfaite loyauté de Jacques Benoist-Méchin, secrétaire d'État à la présidence du Conseil et de Pucheu.
Le 24 octobre, l'ultimatum est repoussé de 3 jours, et, le 27, il est repoussé complètement, avec l'accord de Hitler. En dehors de l'aspect politique (la réaction hostile de la population, l'attitude du gouvernement de Vichy), sont intervenus des actions au niveau local : la dénonciation de suspects (qui se révèleront ultérieurement effectivement être des responsables : Gilbert Brustlein et Marcel Bourdarias) par une restauratrice de Nantes ; une pétition lancée par le père d'un des fusillés du 22 octobre, M. Glou ; peut-être aussi une intervention du Kreiskommandant de Châteaubriant, Kristukat, qui, d'après le sous-préfet Lecornu, a été sidéré par le comportement héroïque des 27 fusillés de Châteaubriant. Tout cela permet aux autorités allemandes locales de justifier l'abandon de l'ultimatum.
Il y avait un caractère à double tranchant dans ces exécutions dont toutes les parties étaient conscientes. Elles avaient un effet de terreur sur la population, mais aussi renforçaient la haine contre l'occupant en montrant sa cruauté, malgré les efforts des Allemands et de Vichy pour souligner qu'ils se cantonnaient à tuer des Juifs et des communistes et non des « bons Français » au sens de Vichy. Cette politique conduisait donc à des dilemmes parmi la Résistance. Le Parti communiste menait en effet une campagne d'assassinats systématiques d'officiers allemands. Même au sein du Parti, ces actes étaient critiqués à cause des exécutions d'otages qu'ils provoquaient. Mais en contrepartie, ces représailles mobilisaient davantage la population contre l'occupant, amenant toujours plus de personnes à s'engager dans la Résistance.
Les exécutions (22 octobre 1941)À Châteaubriant et Nantes, dans chacun des trois lieux de détention, les otages sont regroupés au début de l’après-midi (sans connaître formellement le motif de ce regroupement). Ce ne sont pas les autorités qui les informent de leur sort, mais les prêtres catholiques français chargé de les assister moralement. D’après les récits laissés par ces prêtres, leur entrée dans la salle est suffisante pour que les otages comprennent ce qui va se passer. Les prêtres recueillent les lettres (qui seront relues par la censure) et les objets personnels à transmettre aux familles. Ils ne sont pas autorisés à accompagner les condamnés aux trois lieux d’exécution, où se trouvent cependant des aumôniers militaires allemands.
Les corps sont inhumés dans différents cimetières, dans des tombes anonymes. En dispersant les corps, les Allemands veulent éviter la formation d'un lieu de pèlerinage où pourraient s'exprimer des sentiments d'hostilité à leur encontre. Mais la dispersion n'a pas empêché que les tombes des otages soient fleuries dès les premiers jours et pendant toute la durée de la guerre.
À Paris, le déroulement des exécutions est plus expéditif.
Les familles des fusillés sont informées, non pas par les autorités, mais par la publication de la liste des 48 dans la presse, le matin du 23 octobre.
Châteaubriant, camp de ChoiselCamp de Choisel
Au camp de Choisel, les otages, regroupés dans la baraque 6, sont assistés par l'abbé Moyon, curé de Béré (un quartier populaire de Châteaubriant, le curé de Châteaubriant ayant refusé d'assister des communistes). À 14 h, trois camions allemands viennent les chercher. Ils sont emmenés à la carrière de la Sablière, située à la sortie de Châteaubriant. Ils sont fusillés en trois groupes de 9 à 15 h 50, 16 h et 16 h 10.
Parmi eux figure Guy Môquet. Il s'agit du plus jeune des fusillés (17 ans). Il refuse que ses camarades intercèdent en sa faveur. « Je suis communiste autant que toi » déclare-t-il au dentiste Ténine. Tous refusent d'avoir les yeux bandés et les mains liées. Ils meurent en chantant la Marseillaise.
Le soir du 22, les corps sont amenés au château de la ville, où se trouve la sous-préfecture et placés en désordre dans une salle. Le soir du 23, ils sont placés dans des cercueils puis emmenés par groupe de trois dans les cimetières de neuf communes proches de Châteaubriant, notamment : Moisdon-la-Rivière (Raymond Laforge), Saint-Aubin-des-Châteaux, où René Guy Cadou est présent lors du passage du camion (Jean-Pierre Timbaud), Petit-Auverné (Guy Môquet), Villepot.
NantesÀ la prison Lafayette, les otages sont dispersés dans des cellules et n'ont pas été mis au courant des événements ; lorsqu'ils sont appelés, ils ignorent pour quelle raison. Ils reçoivent l'assistance de l'abbé Fontaine, aumônier de la prison. Ils sont emmenés au champ de
du Bèle et fusillés en 4 groupes de 3 ou 4 ; le délai de la première à la dernière fusillade est de 40 minutes.
Champ de
du Bêle
À la prison des Rochettes, les otages sont assistés par l'abbé Théon, professeur au collège Saint-Stanislas. Ils sont amenés en dernier lieu au terrain du Bèle.
Les corps sont inhumés dans les cimetières de trois communes au sud-est de Nantes : Basse-Goulaine, Haute-Goulaine et Saint-Julien-de-Concelles.
Paris, fort de RomainvilleIci les choses se passent dans la précipitation : appelés vers 14 h 30, les otages sont directement emmenés au fort du Mont-Valérien où ils sont assistés par l'abbé Stock, mais ils ont juste le temps d'écrire une lettre et sont fusillés ensemble vers 15 h 30.
Liste des fusillés du 22 octobreLa liste des fusillés est publiée dans la presse le 23 octobre 1941 sous le titre « AVIS » ; elle indique simplement le nom, le prénom, la localité d'origine et le motif de l’arrestation ou de la condamnation de l’otage. Les otages sont numérotés de 1 à 48 ; l'ordre est établi en fonction des motifs de condamnation, quoique de façon pas totalement cohérente.
Cinq motifs sont retenus :
député communiste (1 cas) ;
secrétaire de « Syndicat communiste » (4 cas) ;
communiste (26 cas) ;
violences contre des soldats allemands (2 cas) ;
action en faveur de l'ennemi (15 cas).
Les listes ci-dessous sont présentées dans l’ordre alphabétique, ensuite sont données quelques indications biographiques (âge, profession, fonctions, activités politiques, date d’arrestation ou de jugement).
Fusillés à Châteaubriant :27 personnes fusillés à la carrière de la Sablière
Auffret Jules, 39 ans, de Bondy, conseiller général communiste de la Seine.
Barthélémy Henri, 58 ans, de Thouars, retraité de la SNCF, militant communiste.
Bartoli Titus, 58 ans, de Digoin, instituteur honoraire, militant communiste.
Bastard Maximilien, 21 ans, de Nantes, chaudronnier, militant communiste.
Bourhis Marc, 44 ans, de Trégunc, instituteur, militant communiste trotskiste.
David Émile, 19 ans, de Nantes, mécanicien-dentiste, militant communiste.
Delavacquerie Charles, 19 ans, de Montreuil, imprimeur, militant communiste.
Gardette Maurice, 49 ans, de Paris, conseiller général communiste de la Seine.
Granet Désiré, 37 ans, de Vitry-sur-Seine, secrétaire général de la Fédération CGT des papiers et cartons.
Grandel Jean, 50 ans, maire communiste de Gennevilliers, conseiller général communiste, secrétaire de la Fédération
postale de la CGT.
Guéguin Pierre, 45 ans, de Concarneau, professeur, maire communiste de Concarneau et conseiller général du Finistère, communiste critique : refuse d'accepter le pacte germano-soviétique et rompt avec le PCF, puis se rapproche des trotskistes.
Huynh Khuong AnNote 5,19 dit Luisne, 29 ans, de Paris, professeur, militant communiste.
Kérivel Eugène, 50 ans, de Basse-Indre, capitaine côtier (marin pêcheur), militant communiste.
Laforge Raymond, 43 ans, de Montargis, instituteur, militant communiste.
Lalet Claude, 21 ans,de Paris, étudiant, militant communiste.
Lefebvre Edmond, 38 ans, d'Athis-Mons, métallurgiste, militant communiste.
Le Panse Julien, 34 ans, de Nantes, peintre en bâtiment, militant communiste.
Michels Charles, 38 ans, de Paris, député communiste de la Seine, secrétaire de la Fédération CGT des cuirs et peaux.
Môquet Guy, 17 ans, de Paris, étudiant, militant communiste, fils du député de la Seine Prosper Môquet.
Pesqué Antoine, 55 ans, d’Aubervilliers, docteur en médecine, militant communiste.
Poulmar'ch Jean, 31 ans, d'Ivry-sur-Seine, secrétaire général de la Fédération CGT des produits chimiques, militant communiste.
Pourchasse Henri, 34 ans, d'Ivry-sur-Seine, employé de Préfecture, responsable de la Fédération CGT des cheminots, militant communiste.
Renelle Victor, 53 ans, de Paris, ingénieur-chimiste, militant communiste.
Tellier Maurice, 44 ans, d'Amilly, imprimeur, militant communiste.
Ténine Maurice, 34 ans, d’Antony, docteur en médecine, militant communiste
Timbaud Jean-Pierre, 31 ans, de Paris, secrétaire général de la Fédération de la métallurgie, militant communiste.
Vercruysse Jules, 48 ans, de Paris, secrétaire général de la Fédération CGT des textiles, militant communiste.
Fusillés à Nantes :16 personnes fusillées au champ de
du Bèle, à Nantes
Allano Maurice, 21 ans, de Nantes, soupçonné de résistance (violences contre un soldat allemand).
Birien Paul, 50 ans, de Nantes, voyageur de commerce, ancien combattant, soupçonné de favoriser les évasions de prisonniers de guerre (jugé le 16 juillet 1941).
Blot Joseph, 50 ans, de Nantes, ancien combattant, vice-président des marins combattants, soupçonné de favoriser les évasions de prisonniers de guerre (jugé le 16 juillet 1941).
Blouin Auguste, 57 ans, de Nantes, voyageur de commerce, ancien combattant, soupçonné de favoriser les évasions de prisonniers de guerre (jugé le 16 juillet 1941).
Carrel René, 20 ans, de Nantes, militant communiste, soupçonné de résistance.
Creusé Frédéric, 20 ans, de Nantes, soupçonné de résistance, prisonnier à la prison des Rochettes (jugé le 8 août 1941).
Dabat Michel, 20 ans, de Nantes, action de Résistance : installe, en compagnie de Christian de Mondragon, un drapeau français au sommet d'une des tours de la cathédrale, prisonnier à la prison des Rochettes (jugé le 8 août 1941).
Fourny Alexandre, 43 ans, de Nantes, avocat, conseiller général, ancien adjoint au Maire de Nantes, ancien combattant, chevalier de la Légion d'honneur, soupçonné de favoriser les évasions de prisonniers de guerre (jugé le 16 juillet 1941).
Gil Joseph, 19 ans, de Nantes, militant communiste, soupçonné de résistance.
Glou Jean-Pierre, 19 ans, de Nantes, soupçonné de résistance (jugé le 8 août 1941).
Grassineau Robert, 34 ans, de Nantes, communiste, soupçonné de résistance.
Grolleau Jean, de Nantes, 21 ans, soupçonné de résistance.
Ignasiak Léon, 22 ans, de Saint-Herblain, communiste, soupçonné de résistance.
Jost Léon, 57 ans, directeur de la fabrication et du personnel de l'usine LU de Nantes, président des Associations d'anciens combattants et victimes de la guerre de la Loire-Inférieure, commandeur de la Légion d'honneur, soupçonné de favoriser les évasions de prisonniers de guerre (jugé le 16 juillet 1941).
Le Moal André, 17 ans, de Saint-Nazaire, violences contre les soldats allemands, soupçonné de résistance.
Platiau Jean, 20 ans, de Nantes, soupçonné de résistance, prisonnier à la prison des Rochettes (jugé le 8 août 1941).
Fusillés au Mont-Valérien :5 personnes fusillées au fort du Mont-Valérien
Caldecott Hubert, 35 ans, de Nantes, membre d'un réseau de Résistance.
Hévin Marcel, 35 ans, de Nantes, membre d'un réseau de Résistance.
Labrousse Philippe, 32 ans, de Saint-Nazaire, membre d'un réseau de Résistance.
Ribourdouille André-Charles, de Nantes.
Saunier Victor, de Nantes.
RéactionsL' exécution de 48 otages le 22 octobre, suivie le 24 de celle de 50 otages à Bordeaux, suscite une énorme émotion en France et dans le monde.
Le 25 octobre le général de Gaulle déclare à la radio de Londres : « En fusillant nos martyrs, l'ennemi a cru qu'il allait faire peur à la France. La France va lui montrer qu'elle n'a pas peur de lui [...] J'invite tous les Français et toutes les Françaises à cesser toute activité et à demeurer immobiles, chacun où il se trouvera, le vendredi 31 octobre, de 4 heures à 4 heures 5 [...] ». Une grève symbolique de cinq minutes est organisée à travers toute la France. Le 11 novembre, de Gaulle décerne à la ville de Nantes le titre de Compagnon de la Libération.
Un tract daté du 25 octobre est largué entre le 30 octobre et le 4 novembre 1941 sur la France. Il comporte d'un côté la déclaration de Winston Churchill au sujet des otages, et de l'autre côté celle de Franklin Roosevelt, ce qui est d'autant plus important que les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre. A propos de l'exécution d'otages non combattants, Roosevelt déclare que « Les peuples civilisés ont depuis longtemps adopté le principe qu'aucun homme ne doit être puni pour les actes d'un autre homme. » Il déclare également qu'il pense lui-même que ces actions ne peuvent que renforcer l'opposition à l'Occupation : « Les nazis auraient pu apprendre de la dernière guerre l'impossibilité de briser le courage des hommes par la terreur. »
À la LibérationAprès la Libération, les otages auront des obsèques nationales et leurs familles pourront les inhumer où elles le souhaitent ; certaines n'ont pas procédé au transfert (c'est par exemple le cas de Jean-Pierre Timbaud à Saint-Aubin-des-Châteaux). Dès 1945, le nouveau boulevard créé par le comblement de l'Erdre prend le nom de Cours des 50-Otages et un monument aux Cinquante Otages est inauguré en 1952 à l'extrémité du cours.
Monument à Nantes des 50 otages.
Évocations littérairesUn poème de René Guy Cadou, intitulé Les fusillés de Châteaubriant, évoque les derniers moments des exécutés :
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu'ils ne se quitteront jamais plus
[...]
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.
René Guy Cadou
Mémoire historiqueOn peut remarquer plusieurs faits :
- A Nantes, la mémoire officielle a retenu le nombre de 50 otages (nom d'un cours, monument), qui est exact au sens littéral, mais qui nécessite des explications sur le nombre de 48 fusillés.
- Les exécutions du 22 octobre sont beaucoup plus connues que celle du 24 octobre à Bordeaux, pourtant plus nombreuses. Cependant, en novembre 1941, la colonne Leclerc rendait hommage dans le désert du Sahara aux « 100 otages morts pour la France ».
- Des exécutions du 22 octobre, l'exécutions de Châteaubriant est la plus connue.
L'exécution de Châteaubriant est devenue, après la guerre, emblématique, pour différentes raisons (par exemple : le poème de René Guy Cadou ; il est d'ailleurs normal qu'il l'ait écrit sur les fusillés de Châteaubriant puisqu'il avait presque eu contact avec eux, étant à Saint-Aubin-des-Châteaux à cette époque).
Voilà pour l'histoire des 50 otages.
Plus je cherche et plus j'en apprends sur ma ville et c'est impressionnant tout ce qu'il s'est passé.
Bonne soirée,
Julia